Réflexion du professeur Jean-Benoît Pilet sur le lien entre participation citoyenne et démocratie représentative, pour la Fondation ULB.

Les symptômes d’une crise de nos démocraties représentatives se multiplient et gagnent en intensité. L’abstention aux élections est en hausse constante. Les partis populistes engrangent les succès (Trump aux USA, Bolsonaro au Brésil, Ligue du Nord et Mouvement 5 étoiles en Italie). Les mouvements de protestation populaire se multiplient (Gilets jaunes, Marches pour le climat, etc). Et la confiance dans les institutions représentatives s’érode. Selon les chiffres de l’OCDE, aujourd’hui, seul 41,8% des citoyens déclarent, en Europe, avoir confiance dans leur gouvernement. La confiance dans les partis politiques est encore plus basse, tournant autour des 30%.

Ces signaux de la crise ne sont pas neufs. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la tentative des dirigeants de répondre à ce mécontentement en proposant des réformes des institutions démocratiques. En particulier, un consensus semble se dégager parmi les décideurs selon lequel les citoyens seraient demandeurs de plus de participation politique. Divers outils sont proposés et testés. C’est le cas du référendum, mais aussi d’une multitude de forums participatifs ou d’outils de démocratie en ligne (e-pétitions, etc). La formule qui gagne le plus en audience depuis dix ans est la constitution d’assemblées citoyennes composées par tirage au sort. En Irlande, entre 2012 et 2016, deux assemblées citoyennes tirées au sort ont ainsi été constituées avec pour mission de réviser la constitution du pays. Plus près de chez nous, la Communauté germanophone de Belgique vient de décider de se doter d’une assemblée permanente de citoyens tirés au sort qui appuiera le travail du Parlement germanophone à partir de septembre 2019. D’autres exemples de ce type sont observables au Canada, en Islande, en Pologne, en Espagne ou en Allemagne.

Le problème est que ces réformes se multiplient sans que nous sachions réellement si elles peuvent vraiment aider à restaurer la confiance dans la démocratie représentative. C’est à cette tâche que s’attelle notre projet.